[Critique] Le Loup de Wall Street
Date de sortie : 25 décembre 2013
Réalisé par Martin Scorsese
Casting : Leonardo DiCaprio, Jonah Hill, Margot Robbie...
Genre : biopic, drame, policier
Nationalité : américaine
Synopsis : L’argent. Le pouvoir. Les femmes. La drogue. Les tentations étaient là, à portée de main, et les autorités n’avaient aucune prise. Aux yeux de Jordan et de sa meute, la modestie était devenue complètement inutile. Trop n’était jamais assez…
Avis :
Aviator, Shutter Island, Les Infiltrés, Gangs of New York... Le tandem DiCaprio-Scorsese n'en finit plus de cumuler les succès, alors quand débarque Le Loup de Wall Street, est-on face à leur premier couac ?
Avant toute chose, Le Loup de Wall Street, de quoi ça parle ? Et bien le film est tout simplement l'adaptation de l'autobiographie de Jordan Belfort, courtier dans les années 80 et 90. Martin Scorsese oblige, qui d'autre que Leonardo Dicaprio pouvait-on imaginer camper le rôle de cet homme qui défraya la chronique à la fin du XXème siècle...
Si The Wolf of Wall Street dans sa version originale suit un schéma narratif somme toute assez classique : l'exposition du succès fulgurant d'un homme parti de peu ou rien, qui va tutoyer les cîmes avant de redescendre plus bas que terre, rattrapé par ses vieux démons, là où Scorsese surprend tout son monde, c'est par l'humour qu'il parvient à insuffler à ce parcours atypique ! Quelque chose d'assez inattendu pour un récit prenant place dans le monde de la finance. Et si une bonne comédie est déjà rare, que dire d'une comédie frôlant les 3 heures... Ainsi certaines scènes telles qu'une overdose totalement hallucinante ou une escapade européenne en mer ne seront pas sans marquer les esprits.
Mais le film ne saurait être résumé à cela, et offrira son lot de scènes d'ores et déjà cultes dans d'autres registres ; notamment lorsque Leo nous prouve lors d'un discours mémorable ou d'une crise de couple toute la force de conviction qu'il est capable de donner à son personnage. On est par instants saisi de fascination devant un acteur qui habite véritablement son rôle, un des meilleurs de sa génération, si ce n'est le meilleur.
"Je m'appelle Jordan Belfort. L'année de mes 26 ans, je me suis fait 49 millions de dollars... Ce qui m'a carrément fait chier, c'est qu'à 3 près ça aurait fait un million par semaine."
Mais si DiCaprio crève l'écran dans ce dernier Scorsese, les seconds rôles ne sont pas non plus en reste. Que ce soit Matthew McConaughey lors d'un dîner hilarant, Jonah Hill à la verve/verge comique toujours insatiable... Les connaisseurs de Friday Night Lights auront également l'occasion de reconnaître leur coach Taylor adulé (Kyle Chandler) qui continue sa percée dans le cinéma après Argo et Super 8. Pour un de ses premiers rôle, Margot Robbie surprend en s'émancipant du rôle de la potiche de service, et incarne une épouse loin de la nunuche auquel on pouvait s'attendre. L'un de ses face-à-face avec DiCaprio est d'ailleurs particulièrement poignant. On retrouvera également Shane de The Walking Dead (Jon Bernthal), ici bien moins agaçant que dans la série et cocorico, une apparition non moins remarquée de Jean Dujardin, qui incarne un banquier suisse dont l'échange avec Belfort en voix off sera particulièrement savoureux.
Aussi grisante sera sa réussite qu'hilarantes seront ses dérives, le parcours de Belfort est fascinant à suivre, grâce au rythme que parvient à conserver le film, dont on ne sent pas passer les trois heures ! Par un procédé similaire à ce qu'on pouvait retrouver dans Malcolm, Scorsese s'amuse à casser le rideau entre le spectateur et le film, permettant à Jordan Belfort de s'adresser directement à nous. Une idée amusante, lorsqu'après une longue diatribe sur le fonctionnement des marchés financiers, un ami me fait remarquer que c'est du chinois pour lui et que nous voyons Leo' "sortir" de l'écran et lui répondre du tac-au-tac que s'il ne comprend rien, ce n'est pas grave...
Sexe, drogue... Le film ne sera pas conseillé à tous les publics. On y voit même le beau Leo se faire un rail de coke dans le troufignon d'une demoiselle... Irrévérencieux, Le Loup de Wall Street pourra même être taxé d'immoral mais la question se pose... Au cours du visionnage, ou après, on en vient à se demander par quel tour de force peut-on éprouver de la sympathie pour Belfort, salaud parmis les salauds. L'intérêt est justement là : laisser le spectateur fixer ses propres limites, dans un univers si peu manichéen...
Le Point :
La maîtrise de Scorsese associée à la folie furieuse de Leo DiCaprio font du Loup de Wall Street un film immense, un récit captivant de bout en bout qui fera date. Déjà culte.
9/10