[Critique] Gravity, le vide sublimé
Date de sortie : 23 octobre 2013
Réalisé par Alfonso Cuaron
Casting : Sandra Bullock, Georges Clooney
Genre : science-fiction
Nationalité : américain-britannique
Synopsis : Pour sa première expédition à bord d'une navette spatiale, le docteur Ryan Stone, brillante experte en ingénierie médicale, accompagne l'astronaute chevronné Matt Kowalsky. Mais alors qu'il s'agit apparemment d'une banale sortie dans l'espace, une catastrophe se produit. Lorsque la navette est pulvérisée, Stone et Kowalsky se retrouvent totalement seuls, livrés à eux-mêmes dans l'univers. Le silence assourdissant autour d'eux leur indique qu'ils ont perdu tout contact avec la Terre - et la moindre chance d'être sauvés. Peu à peu, ils cèdent à la panique, d'autant plus qu'à chaque respiration, ils consomment un peu plus les quelques réserves d'oxygène qu'il leur reste. Mais c'est peut-être en s'enfonçant plus loin encore dans l'immensité terrifiante de l'espace qu'ils trouveront le moyen de rentrer sur Terre...
Avis :
Gravity est le film de science-fiction à voir en cette fin d'année, on en parle partout, et pas qu'avec des petits mots... D'après ce qu'on peut lire, l'oeuvre fait entrer les effets spéciaux dans une nouvelle ère, et représente le film majeur des 10 prochaines années... Alors qu'en est-il ?
Déjà, il faudra commencer par un point indéniable, Gravity est un film magnifique, au sens littéral du terme, c'est beau à donner envie d'être si haut, pendant les premières minutes du moins. Mais bien sûr, si le film fait tant parler de lui ce n'est pas parce qu'il ressemble à un énième épisode de Rayons X, des frères Bogdanov, non c'est aussi car c'est un film catastrophe, aussi minimaliste soit-il, puisque le nombre de victimes potentielles dans l'espace n'est pas affolant, c'est un fait.
Aussi à cause d'une obscure raison : un satellite est abattu et entraîne une réaction en chaîne, un coup des russes visiblement (en fait mon attention décroche dans ces moments là donc veuillez excuser le manque de précision, j'étais comme Georges Clooney trop occupé à admirer le soleil sur le Gange, "c'est fabuleux"), notre petite escouade va se retrouver en bien fâcheuse posture dans une sorte de tempête de l'espace.
"Les Russes ?!? Encore eux !"
Et c'est là que le survival va commencer et que tous les stressés à jauges, adeptes de Dead Space ou anxieux du quotidien vont en avoir pour leur argent. Jauge car l'oxygène descend bien vite quand on stresse, et Sandra Bullock va l'apprendre à ses dépends. Boulet du début du film pour finir en (SPOILER) seule survivante (FIN DU SPOILER faudra décidément que j'apprenne à faire les caractères cachés en HTML), celle-ci ne manquera pas de nous filer un tournis monstre lorsqu'elle partira à la dérive dans le vide immense de l'espace.
En effet il faut s'y attarder, le film use d'une 3D particulèrement immersive et bien que grand radin devant l'éternel que je sois, la technologie trouve sa justification dans Gravity, grâce à un usage pertinent de plan à la première personne, les férus de jeux vidéo ne seront pas dépaysés. De plus, voir des gouttes d'eau (ou de larmes car il y a de l'émotion dans ce film, enfin...) s'écraser sur l'écran ou des morceaux entiers de satellites et autres vaisseaux spaciaux nous bondir à la tronche nous permet enfin de toucher du doigt les possibilités offertes par la 3D dans ce genre de média, l'impression par moments de claustrophobie renforçant l'immersion. Il n'empêche que 2€ c'est aussi un Sundae à Mc Donald's mais c'est un problème qui regarde tout un chacun.
Tout ça pour dire que, même s'il ne nous expose pas de galaxies peuplée de créatures inquiétantes, Gravity est un sommet du cinéma d'un point de vue des effets spéciaux, il nous présente l'espace à la fois si beau et si dangereux. Les plans de la Terre sont magnifiques et si du chemin a été parcouru depuis On a marché sur la Lune, cette immensité demeure toujours aussi fascinante.
Gros bémol cependant, le film est une vitrine, un bijou technologique au budget de 100 millions de dollars tout rond, mais tout l'argent est passé là-dedans !...
"Mais où est le bouton pour débrancher le cerveau du spectateur ??"
Le scénario est minimaliste, ça encore ce n'est pas grave. Mais l'attachement même, l'empathie que l'on peut éprouver pour les personnages est très limité. Pour Sandra Bullock, la ficelle de la mère qui a perdu sa fille et qui croit qu'elle n'a rien à perdre, mais alors pourquoi se débat-elle tant pour sa survie et nianiania... est très limité, on est dans le pathos bas de gamme. Clooney, de son côté, si l'on est mauvaise langue, nous la joue Nespresso et nous fait ses regards de braises et ses petites punchlines de dragueur plein de confiance en lui, mais ça s'arrête là. Si l'on devait ainsi comparer Gravity à d'autres films de survie, et qu'on lui enlevait ses effets spéciaux, il ferait pâle figure. Je pense à Apocalypto en premier, où la tension et la variété des situations sont infiniment meilleures qu'ici.
"Bon alors je vous explique, j'avais besoin de 2 acteurs bankables pour bien attirer les foules, mais le talent, jm'en cogne !..."
Le Point :
Gravity est un film qui marquera de par son aspect visuel, mais il ne mérite pas toutes les éloges qui lui sont dédiées, la faute à une profondeur des personnages quasi nulle, qui limite forcément l'attachement que l'on a pour eux. On a donc effectué un très beau voyage, mais durant lequel on n'a rencontré personne, et c'est bien dommage.
5/10